lundi 24 mars 2008

Fjøsanger

Chers amis,

vous rappelez vous de l'aventure menée à Ulriken par mon ami Benoît et moi-même? Cette inénarrable épopée où, luttant contre les éléments déchaînés, nous avons gravi un à un les échelons de la gloire et de l'altitude pour finalement atterrir dans une flaque. Vous vous rappelez certainement du combat titanesque que nous avons mené, contre le dieu Odin lui-même, dans le seul but de vous divertir. Je n'oserai pas non plus vous remémorer l'extase ressenti au moment où, au paroxysme de l'effort, nous avons pu jouir d'une vue exceptionnelle. (Après relecture, il semblerait que cette phrase soit honteusement connotée. Je m'en excuse, mon champs lexical dérape parfois...) Enfin bref. Vous avez kiffé la balade? Dans ce cas, laissez moi vous raconter le fait de la journée d'hier: la montagne de Fjøsanger (Prononcez comme ça vous chante, de toute façon, je ne suis même pas sur que tout les gros gars du coin soient d'accord sur la question).


La montagne de Fjøsanger est une montagne située directement en face de Fantoft (ma résidence). Depuis presque deux mois que je suis ici, je suis quotidiennement confronté au désir de la gravir. Aujourd'hui, profitant d'un temps particulièrement clément, j'ai décidé de partir à l'aventure, au contact de la bête.




Mon noble ami Benoît étant rentré dans notre contrée natale pour son anniversaire, j'ai donc commencé l'ascension tout seul, comme un con. Vous vous imaginez aussi que, étant donné que je suis un gros manouche, je suis parti sans savoir s'il existait un chemin d'accès, voir même s'il y avait un pré requis à l'ascension. Notez que j'ai quand même eu la présence d'esprit d'emporter un sweat à capuche de la marque Decathlon en partant du principe qu'il ne peut absolument rien vous arriver de grave tant que vous êtes habillé avec de la ouate de cellulose. C'est un principe qu'on a tendance à appliquer aux lendemains de certaines soirées, alors pourquoi ne pas le généraliser à l'ascension d'un montagne, voir même de la vie toute entière? Vous imaginez si le monde entier portait des sweats à capuche? Tout le monde serait serein, gentil et au chaud, on vivrait alors dans un monde totalement pacifique et cordial! (Vous pouvez, tout à fait, faire un parallèle avec une autre théorie personnelle selon laquelle, si tout le monde mangeait des frites, à chaque repas, cela mettrait fin à pas mal de maux sur Terre). Enfin bon, je digresse et je m'en excuse. Retournons au fait!


Je disais donc que je suis parti, comme un con, sans carte en me disant que je naviguerai à vue et que je pourrai toujours demander mon chemin aux quelques autochtones norvégiens traînant là par hasard. Il est à noter que les autochtones norvégiens précités ont une forte tendance à traîner par hasard. Généralement, ils marchent mollement sans but distinct et sont tout à fait enclin à renseigner les gens. Il arrive même parfois qu'ils échangent quelques mots entre eux dans leur dialecte particulier, mais rien de bien méchant. Une fois arrivé au pied de la montagne, il ne restait plus qu'à trouver un quelconque chemin d'accès sur lequel s'ouvrirai l'aventure dans laquelle je m'étais aveuglement lancé. Après quelques détours, j'ai enfin pu trouver quelque chose qui ressemblait vaguement à un sentier. Il faut savoir qu'en Norvège, les sentiers semblent être quelque chose de relativement superflu et inutiles. J'ai cru comprendre que les autochtones préféraient patauger dans des torrents ou déambuler sans stress dans une forêt de conifères. Il semblerait d'ailleurs que ce soit une façon très subtile de lutter contre les bandits de grands chemins qui d'ailleurs boycottent littéralement la région. (Pour plus d'informations, je vous invite cordialement à visiter Wikipedia)


Après quelques centaines de mètres parcourus au hasard, je tombe sur ce que je cherchais: des traces de pas. Tel un pisteur des bois, je me mets donc à suivre cette piste toute fraîche, laissée par un honorable inconnu, pendant quelques kilomètres. J'ai alors tout le loisir d'observer la nature, les arbres, la neiges, le paysage, des traces de chats... Je rêvasse donc et profite de la ballade quand soudain, une réflexion m'interpelle: "C'est marrant de voir des traces de chats comme ça, perdu en pleines montagnes... En plus, il a du passer il y a pas longtemps." J'essaie alors de m'imaginer un mignon petit animal en laisse se baladant avec son maître. A ce moment-là, je me rends compte qu'il y a peut-être quelque chose qui cloche. En effet, je suis en train de suivre des traces de pas mais je ne vois plus de traces de chat. Bizarre... Je continue ma marche quand soudain, je tombe sur d'autres traces de l'animal. Et là, je commence à psychoter un peu. En effet, les traces sont énormes!(environ 8 cm de large... Bon dieu la belle bête!) Et puis, les traces commencent au pied d'un arbre, continuent sur 2 ou 3 mètres et disparaissent mystérieusement au pied d'un autre arbre... La charmante ballade prend un drôle de tournant et je me fait un petit résumé de la situation: je suis au beau milieu d'une foret assez dense, je n'ai croisé personne depuis environ une heure et surtout, IL Y A UNE PUTAIN DE BESTIOLE DANS LE COIN!!! J'essaie alors de rassembler mon calme en me munissant d'un énorme bâton. Je regarde tout autour de moi et je ne vois absolument rien. J'en conclu que ça ne veux rien dire car cet animal doit probablement avoir une tenue de camouflage ou un truc dans le genre. Je continu alors l'ascension, accompagné de mon gros bâton, en essayant de me remémorer toutes les techniques de combats que je connais. (Notez que je suis ceinture jaune de judo et que cela pourrait me procurer un avantage certain sur la bête) Je tente alors de prendre un air dégagé, en me disant que le monstre se sentira peut-être désarmé devant mon flegme britannique. Je montes, je montes et là, je perds les traces de pas que je suivais depuis le début. En effet, me voila nez à nez avec une petite barre rocheuse que j'escalade maladroitement. Je me hisse alors tant bien que mal jusqu'une petite corniche où je peux admirer le paysage. Voila d'ailleurs une petite vidéo de l'endroit, vous pourrez constater que je fais une drôle de tête:

Après quelques instants de recueillements devant la beauté de Dame Nature, je décide d'arréter là mon ascension et de rebrousser chemin, fourbu mais heureux.

Je vous mets quelques photos de la ballade, comme à l'accoutumé, vous pourrez admirer de la neige, des arbres et des fjords.



6 commentaires:

Arno a dit…

Olala gros malade... L'autre il part tout seul et suit les traces d'un lynx des neiges ou d'une autre bête bizarre de viking...
Genre tu l'imaginais bien le viking promenant son chat dans la neige ?? "Minou ! Minou ! Allé avance on est presque arrivé..." LooL

PS : Sur la vidéo, je n'ai pas vu de chemin... Même pas un cheminounet... T'avais un coupe-coupe ?

Jimmy a dit…

Et ben justement, c'etait bien ca le prøbleme! Y a pas de chemins en Norvege, c'est un concept absurde auquel personne n'adhere...

Anonyme a dit…

Une question me hante malgré tout... "Grut", ca veut dire quelque chose en Norvégien (cf Les Robins des Bois) ? Parce qu'en Suédois, ca a pas l'air...

Anonyme a dit…

A propos des bandits qui boycottent la région, méfie-te des norvegieux, quand même. après une rapide recherche sur Wikipédia sur tes conseils, j'ai appris qu'un groupe de black métal, du nom de Burzum, dont l'unique membre porte le nom respectable de Varg Vikernes, avait brulé l'église en bois de Fantoft en 1993. Vikernes purge actuellement une peine d'emprisonnement de 21 ans pour le meurtre d'Euronymous, guitariste du groupe Mayhem [autre groupe local de black metal], par 23 coups de couteau.

C'est sympa la Norvege !

Anonyme a dit…

Bonjour Jimmy !
On ne se connaît absolument pas, je suis tombée sur ton blog par hasard cet après-midi... et voulais simplement te dire que tu me fais énormément rire !! La lecture de ta rando du 24 mars est un vrai moment de bonheur...
Bonne continuation ! La suite de ton aventure nous intéresse, nous partons en Norvège cet été aussi.
Marion.

Anonyme a dit…

Les traces sont celles d'un glouton (wolwerine en anglais, jerv en Norvegien) Cest des vrais saloperies, j'ai vu ces traces sur Løvstakken (le nom de cette montagne sur les hauteurs de Fjøsanger) mais sachant ce que c'etait j'ai pas traine, c'est aggressif comme bestiole.

Thomas (Fantoft)

Et pour les chemins,justement, si. Quand il y en a les gens les prennent, et c'est obligatoire dans les parcs nationaux sinon tu nique la flore.

Gaffe aux gloutons!