samedi 20 décembre 2008

Voyage sous les tropiques

Vendredi dernier, je me réveille en sursaut à 7h35. En proie à une panique indescriptible, je réalise alors que je n'ai pas entendu mon réveil qui pourtant scande des chansons bollywoodiennes de mauvais goût depuis plus d'une heure et demi. Malgré ce tintamarre assourdissant, je tente de retrouver la raison pour laquelle je désirais, la veille, me lever au chant du coq. Je tente de réquisitionner toutes les neurones en état de marche que je peux trouver et après un léger moment d'absence, le brouillard se lève et la vérité me fait fasse: "Oh! Putain! Mon train pour Goa!" Mon sang ne fait qu'un tour, je fais le point de la situation. Mon train pars dans 10 minutes, la gare se trouve à environ 1h30 de route. Mathématiquement parlant, je suis plutôt mal barré... J'appelle alors mon pote Bhupinder qui, par chance, venait lui aussi de s'éveiller. Je lui explique la situation et il propose de me conduire à la gare en moto. Après tout, nous sommes en Inde et il n'est pas rare que les trains soient un peu en retard.

Deux minutes plus tard, nous fendons l'air sur sa moto. La rue est hallucinante. Au milieu du brouillard, des petits balayeurs nettoyent les rues chargées d'immondices. Des groupes se forment autour des petits boui-boui pour boire du chai. Les rickshaws s'entassent aux carrefours en klaxonnant. Des tas d'ordures brulent, laissant s'échapper des odeurs de plastiques, de pourriture et de merde. Les bidonvilles s'éveillent péniblement dans le froid de l'hiver, laissant les vaches manger dans les poubelles au milieu d'enfant à moitié nus, les yeux encore gorgés de sommeil.

A 7h55, nous arrivons à la gare. Nous courrons jusqu'à la passerelle aussi vite que mes sandales me le permettent. Mon train n'est sur aucune des voies. Nous nous frayons alors un chemin au milieu de la foule pour atteindre "l'Enquiry Office". Et là, sur un tableau, écrit en Hindi, nous apercevons le nom de mon train, en retard de 5 heures. Un fonctionnaire endormi nous fait alors la confidence qu'ils ne savent pas trop qu'elle va être l'heure de départ du train et qu'ils ont écrit ça un peu au pif. A moitié rassuré, nous nous dirigeons à notre tour vers une petite échoppe pour prendre un petit déjeuner constitué de chai et d'un truc horrible blindé d'épices. Etant donné le caractère aléatoire de l'information ferroviaire, je décide de rester à la gare et de patienter jusqu'à ce que j'en sache un peu plus, laissant mon compagnon s'en aller sur sa moto.

Bien décidé à finir ma nuit, je m'installe à même le sol, la tête sur mon sac, dans une salle d'attente sombre, sale, bruyante et bondée. Je sombre alors dans un sommeil léger, entrecoupé de réveils impromptus. Au bout de 4 heures d'une longue attente, je me rends à nouveau vers l'Enquiry Office pour prendre des nouvelles de mon train au départ capricieux. Les nouvelles ne sont pas fameuses. Sans que je m'en aperçoive, un fonctionnaire débonnaire a cru bon de rajouter deux heures de plus à la prétendue arrivée de mon train. Prenant mon mal en patience, je décide d'oublier les regards remplis de curiosité de l'ensemble de la foule présente sur ce quai, pour m'installer sur un banc afin d'observer ce qui peut bien se passer de drôle dans cette drôle de gare. Et là, je dois dire que j'ai été servi. En deux heures de temps, un flot discontinu d'action coquaces a pris place sur le théatre improvisé de ce quai. En outre, j'ai eu le privilége d'assister à un défilé de communistes indiens qui s'évertuaient à négocier les prix des samossas de tout les vendeurs de la gare, un nombre inconsidérable de bagarre entre les foules tentant d'entrer etde sortir des trains en même temps, un homme habillé d'une peignoire rouge qui avait vraisemblablement envie de s'aérer l'engin devant l'auditoire amassé et bien sûr, des vaches sur le quai, au milieu de la foule, sur les rails, dans la salle des pas perdus... Un bon gros bordel...

Je restai donc assis à cet endroit pendant une bonne paire d'heure assistant aux flux des voyageurs qui avaient la chance de partir. Puis, à l'heure éventuelle de mon train, je me rendis à nouveau vers ce foutu Enquiry Office pour qu'il m'annonce un bonus d'attente de 2 heures supplémentaires. Au comble de la joie, je profitais de ce délai pour me restaurer de samossas généreusement laissés par nos potes communistes. Puis, au final, après 10 heures d'attentes plutôt pénibles, j'eu l'ultime bonheur de monter dans mon train et de m'installer sur ma couchette.

Comme vous devez vous en douter, le voyage en train fut globalement long et pénible (26 heures). Mais après tout ça, je n'étais plus à cela prêt et je me suis laissé porté par les événements avec une passivité de haut niveau pour finalement arriver à Pune dans le sud de l'Inde. Je devais trouver le frére d'un copain avec qui je devais me rendre à Goa.

Mais cette histoire sera pour demain.

Amusez vous bien en attendant.

Jimmy

1 commentaire:

Arno a dit…

Magnifiquement indien !! Ca a du être bien long quand même...

Et sinon pour la réponse du jeu, il faut sucer... une vache sacrée ??

Je suis avec Coco là à Melbourne, et on veut la réponse alors balance !!!